Parfois, nous entendons parler, de redistribution des richesses, cela peut venir d’une idée de partage, de solidarité, d’équité ou de justice. Cette tâche revient habituellement à l’État par le biais des différentes formes d’imposition (revenus, succession….). Dans le même but de partage, de solidarité, d’équité ou de justice, nous pourrions aussi redistribuer la misère, de préférence sur ceux qui ont très largement les moyens l’assumer.
Aujourd’hui, les États n’assurent plus leur rôle de répartition. Bien que la croissance économique soit une constante depuis des décennies, la misère progresse même dans les pays riches.
Ces dernières années, la droite libérale a réduit fortement toutes les formes de prélèvements sur les plus fortunés. Le taux marginal d’imposition sur les revenus est plafonné à 40% et l’ISF (Impôts de Solidarité sur la Fortune) est rendu insignifiant grâce au bouclier fiscal. Celui-ci limitant l’ensemble des prélèvements à 50% des revenus. Ceci sans compter toutes les possibilités de défiscalisation profitant grandement aux plus aisés (investissements dans l’immobilier, les entreprises innovantes…).
De même, la défiscalisation des successions profite uniquement aux plus fortunés. Quel couple peut aujourd’hui donner, tous les 6 ans, 300 000 € à chacun de ses enfants sans aucune imposition? En 43 ans cela représente une somme de 2 400 000 € net d’impôt pour un seul enfant!
Dans le même temps, les prélèvements obligatoires sur les classes moyennes et les moins favorisées ne cessent d’augmenter. Spéculations incontrôlées sur les matières premières et les produits de première nécessité. Chaque année, une augmentation, bien au-delà de l’inflation, des diverses taxes et principalement des impôts locaux. En effet, la délocalisation et les transferts de compétences ont permis à l’État de transférer bon nombre de charges (RMI, APA, carte nationale d’identité, agents des lycées…) aux régions et aux départements en ne compensant que très partiellement la charge financière. D’où un glissement des impôts sur les revenus vers les impôts locaux qui frappent indifféremment les plus aisées et les plus pauvres.
En attendant, les augmentations des salaires et des retraites sont en moyennes, bien en dessous de l’inflation. Les demandeurs d’emploi sont de plus en plus rapidement et efficacement exclus de leur droit à indemnité. Les coûts toujours plus élevés du foncier et de l’immobilier profitent d’abord aux nantis et pénalisent dramatiquement les capacités de logement des plus démunis. Aujourd’hui, des travailleurs se trouvent dans l’impossibilité de se loger.
Les travailleurs les moins payés ont par conséquent les plus maigres retraites. Lorsqu’au terme d’une vie difficile, ils se retrouvent en maison de retraite, leur pension étant très insuffisante pour en assurer le coût, ils bénéficient d’aides mais ces aides seront récupérées, en tout ou partie, sur leur succession. En conséquence, leurs petites économies et leur logement durement acquis ne profiteront pas à leurs enfants. Les nantis, eux pourront se payer une maison de retraite dorée tout en préservant leur succession.
Toujours plus de pauvres pour une petite minorité toujours plus riche, combien de temps, une société riche comme la notre pourra-t-elle tolérer une telle injustice sans réagir?
Compléments de l’article
- Les 10 % les plus riches possèdent 46 % de la fortune nationale : La répartition du patrimoine français
- La baisse des impôts : Qui sont les grands gagnants?