Depuis plus de 50 ans, nous entendons régulièrement parler, par médias interposés, de famines, d’enfants squelettiques mourant par dizaines de milliers. En bref de la faim dans le monde.

Parallèlement nos États Européens, bien alimentés, sont choqués et estiment cela inacceptable. Ils y remédient par des aides financières, l’envoie de nourriture, des actions sociales, actions politiques (Fond Monétaire International, Organisation Mondiale du Commerce…) et des progrès constants dans le domaine de l’exploitation agricole.

Ponctuellement et momentanément, quelques populations sont parfois soulagées. Malheureusement, nous constatons, sur du moyen et long terme, autant d’échecs que de solutions proposées. Nos États modernes et responsables, bien qu’indignés par ce drame, sont là d’une inefficacité affligeante. Puis avec le temps qui passe, celle ci devient quasi criminelle.

En effet, malgré les soi-disant efforts déployés, la faim sur la planète ne régresse pas, même lorsque nous (les Pays Européens) sommes en surproduction alimentaire. Et pourtant les actions sont nombreuses et continues.

L’Europe a d’abord lourdement mécanisé notre agriculture puis optimisé cette mécanisation grâce au remembrement, Ensuite, elle a mis nos cultures et nos élevages aux mains des scientifiques et des chimistes transformant du même coup nos paysans en producteurs industriels.

Aujourd’hui, nous pouvons voir le résultat et ses conséquences :

  • une agriculture spécialisée, transformée en monoculture, à l’échelle d’une région et parfois d’un pays.
  • des rendements significativement accrus à court et moyen terme.
  • des sols appauvris et épuisés, devenus incapables d’assurer une production sans l’apport massif d’engrais chimiques et de pesticides.
  • une biodiversité animale et végétales fortement réduite.
  • un équilibre biologique rompu.
  • des cours d’eau et des nappes phréatiques dangereusement polluées.

Cette industrialisation de l’agriculture à l’échelle planétaire est également responsable des déforestations massives. Les productions vivrières locales sont abandonnées au profit de productions exclusives (café, céréales, fruits, agrocarburants…) à destination des pays les plus riches. Nous constatons également la désertification de nombreuses terres autrefois nourricières pour les populations indigènes.

Rassurons-nous, nos dirigeants dynamiques ont, de nouveau, trouvé une réponse radicale pour assurer l’abondance alimentaire de notre population croissante. Cette trouvaille se nome « OGM » (Organisme Génétiquement Modifié). En effet, avec ces nouveaux organismes, les semences vont pouvoir être adaptées à tous les climats et tous les types de terrains, en résistant aux herbicides et aux parasites.

Qu’en est-il, à ce jour, de ces belles promesses ?

Les risques de contamination sont passés sous silence. La contamination des différentes variétés et des espèces proches se fait de 2 façons.

La première par voix sexuée, la dissémination des pollens par les animaux sur quelques kilomètres et par le vent jusqu’à plusieurs centaines de kilomètres.

La seconde par transfert via les racines, les champignons, les bactéries et enfin les animaux. Cette contamination présente un risque pour les productions biologiques qui une fois polluées se trouveront écartées de fait.

Certains animaux, notamment les ravageurs, s’adapteront à ces nouvelles molécules et deviendront encore plus résistants.

Autre argument en faveur des OGM, les agriculteurs utiliseront moins de produits phytosanitaires pour produire ces plantes, d’où un effet positif pour notre environnement. Actuellement, 25 % des OGM cultivés fabriquent eux-mêmes leur insecticide. Cet insecticide qui n’est plus répandu par l’agriculteur existe malgré tout. Il se retrouve en quantité dans la plante, les pailles, le sol et l’environnement. Alors que l’agriculteur utilise les insecticides en fonction des attaques de ravageurs, la plante en produit dans tous les cas des quantités bien supérieures aux besoins. Par ailleurs, l’insecticide pourra être produit par d’autres plantes après le transfert non contrôlé de l’OGM.

Les autres 75 % d’OGM cultivés sont manipulés pour résister aux herbicides, l’agriculteur peut ainsi répandre des quantités sans craindre pour sa récolte mais là encore avec de lourdes conséquence pour la nature. Certaines plantes « parasites » s’adapteront par transfert de l’OGM et deviendront à leur tour résistantes aux herbicides. Du coup, elles envahiront plus fortement les productions agricoles. De même, les herbicides accumulés se retrouveront dans notre environnement et dans nos assiettes. Soit directement en consommant les végétaux ainsi produits, soit indirectement, en consommant les animaux nourris aux OGM.

Pour l’heure, les OGM n’ont pas permis une augmentation visible des rendements. Par contre, l’utilisation des OGM augmente fortement les risques sanitaires et environnementaux. De plus, les OGM ne sont pas fait pour les paysans pauvres, bien au contraire. Il est nécessaire de payer plus cher les semences et il devient impossible de produire ces propres semences à cause des brevets déposés. Les paysans insolvables sont exclus de leurs terres alors que 65 % des 800 millions d’habitants sous alimentés sont des paysans. Les agriculteurs seront inféodés aux fournisseurs d’OGM.

Conclusion

Que deviendra l’indépendance alimentaire avec des producteurs pieds et poings liés aux semenciers des pays riches?

Dans le même temps, avec une agriculture encore exempte d’OGM, nos pays ont été obligés d’instaurer des quotas (lait, bovins, vigne…) et de mettre 10 % des terres agricoles en jachère afin de limiter les surproductions. En Europe, seules les terres mécanisables sont utilisées. Les autres qui étaient encore exploitées il n’y a pas si longtemps, sont laissées à l’abandon.

Cependant, la culture OGM à des fins de recherches et de production médicale n’est pas en cause, les risques peuvent facilement être maîtrisés, par des mises en culture en milieu confiné.

Pouvons-nous en toute connaissance de cause trouver les situations suivantes humainement acceptables?

  • Les habitants des pays exportateurs de denrées alimentaires meurent de faim.
  • Inversement, dans les pays bien pourvus, l’obésité se répand et des gens meurent précocement de trop manger.
  • Les biocarburants sont produits à partir de céréales pouvant servir à l’alimentation humaine ou animal, au lieu d’exploiter des végétaux non alimentaires.
  • Les multinationales et les financiers de la planète spéculent et font fortune grâce à la pénurie alimentaire qu’ils entretiennent et exploitent.

Au moyen des OGM et des brevets sur le vivant, ces mêmes multinationales auront la main mise sur les semences à l’échelle mondiale.

Pour plus d’informations, nous vous conseillons de regarder le documentaire intitulé « Le monde selon Mosanto » réalisé par la journaliste Marie-Monique Robin.